La flûte enchantée de Jiva.

(au départ ce texte était prévu pour l'event de la flûte d'Ankama, mais ils n'acceptent que 650 mots donc bon...)


Le ciel d'Amakna était voilé ce jour la lorsque je me suis levé. Il régnait une ambiance de mort. Calme, trop calme...

Personne ne comprenait ce qu'il se passait. Ou plutôt ce qu'il ne se passait pas.



De bonne heure, comme à mon habitude, j'ouvrais les persiennes de ma chaumière Astrubienne avant d'aller rendre visite au boulanger.

Je ne compris pas tout de suite ce qui changeait, un petit quelque chose, un rien, clochait. Après quelques pas en direction de l'atelier des boulangers, en passant devant la statue Eniripsa je m'en rendis compte... j'étais seul!

"Oui et alors?" Me direz-vous.

Seul! Rendez-vous compte! Pas un Piou, pas un Tofu ni une Souris grise. Pas un bruit, pas un seul pioutement dans l'air ambiant de cette triste matinée. Je tendais mon oreille de Feca, pourtant bien aiguisée à détecter tout danger, le reste du trajet mais il n'y avait rien à faire, il n'y avait strictement aucun bruit d'animaux. Ma petite ville d'Astrub calme, même au petit matin ça inquiète.

Les deux boulangers présents à l'atelier ce matin me rejoignaient dans ma triste constatation.

Le premier, un grand Iop pétrissant sa pâte à la Griffe rose, me dit qu'il venait de faucher dans les champs au Nord et qu'il n'avait croisé aucun "bestiau".

La petite Enutrof, à qui je payais ma commande matinale, était allée cueillir des menthes sur l'île Wa et n'avait eu pour seule compagnie que le bruit des vagues contre les rochers. Pas âme qui vive sur l'île de Wa? Seul un vieux Lenald appréciant sa tranquillité se promenait de bon matin me dit-elle. Je m'en retournais, inquiet, à ma chaumière.

Il fallait tirer ça au clair! Qu'est-ce que cela pouvait-il bien être? Un mauvais tour de Djaul, une épidémie, un vortex temporel de Xelor imprudent, ou ce Ogrest dont on commence à entendre parler au plus profond des territoires Amaknéens. Plus je me posais des questions et moins j'avais de soupçons de réponses.

Je décidais de réunir au plus tôt toute la guilde pour en débattre. Nous nous retrouvâmes en début d'après-midi dans notre lieu de débats favori, la taverne du Chabrulé. Tous les Hospiciens avaient répondu à l'appel. Tous, comme moi, s'inquiétaient de n'avoir croisé aucune créature sur leur chemin.

Un élément intrigant attira cependant notre attention. Un de nos membres soutenait avoir entendu un léger air de musique en traversant les landes de Sidimote. Nous n'aurions que peu prêté attention à ces propos si celui qui nous les évoquait n'avait été le plus sage d'entre nous. Nous lui supposions qu'il s'agissait du vent dans les arbres mais sa grande expérience de Crâ aventurier réussi à nous convaincre. Nous organisions donc une exploration plus poussée de ces sombres territoires pour suivre Tuniquor.



Après avoir formé notre groupe avec huit de nos plus vaillants combattants nous nous mettions donc en route. Notre ami Crâ en tête de cortège avançait d'un pas décidé, zigzaguant entre les arbres morts et les coulées de lave en fusion. Il était plus habitué à rester en queue de peloton, comme tout Crâ qui se respecte. La main bien ancrée sur son arc il tentait de retrouver par où il était passé plus tôt dans la journée, tendant l'oreille pour ne pas rater l'air de musique dont il nous avait parlé.

Plusieurs heures de marche forcée avaient entamé notre moral quand soudain... au détour d'un bosquet... un sifflement vînt me percer les oreilles. Aussitôt je sortis mon bâton, bien campé sur mes jambes, immobile, je tentais de définir l'endroit d'où provenait ce son. Je constatais que je n'étais pas le seul à l'avoir entendu. Nous nous tenions tous immobiles, cherchant du regard un indice qui pourrait nous aider dans notre recherche. Nous restâmes ainsi plusieurs longues minutes. Mais rien n'y faisait, nous étions bien incapables de situer précisément l'origine de ce sifflement.



C'est Iryushida, le jeune Osamodas qui nous accompagnait, qui nous proposa une idée intéressante: invoquer un tofu pour voir sa réaction. Nous acquiessons tous et lui donnons le feu vert. Après une petite incantation et quelques gestes que je ne comprendrai jamais, un "POUF" bruyant fît apparaître devant lui un petit Tofu. La minuscule petite bête se tenait au milieu du groupe, virevoltant dans tous les sens avec un regard (excusez l'expression) de Iop. Vraisemblablement quelque chose la perturbait, elle tournait dans tous les sens, donnant l'impression qu'elle avait abusé d'Alcool de Pandouille.

Sa folle danse ne dura pas longtemps. Au bout de cinq minutes elle s'arrêta, fixa du regard droit devant elle et... parti à grande vitesse sans se retourner. Kryssounette, la pandawette, s'écria: "un TGV!", je ne pris pas le temps de relever car la bête s'en allait à toute allure. Nous sautâmes tous sur nos Dragodindes, je pris avec moi notre compagnon Eniripsa Tetzuo qui suivait à pieds et nous nous mirent à la poursuite du Tofu à Grande Vitesse.

Rapide comme l'éclair la petite boule jaune! Invoquer un Craqueleur eut été plus aisé à suivre. Evitant les branches, sautant par-dessus les coulées de lave, bien cramponnés à nos selles nous filions à toute allure...



Notre folle cavalcade s'arrêta nette lorsque nous arrivâmes devant l'entrée d'une grotte que nous redoutions: la grotte aux Fungus!

Le tofu venait de s'y engouffrer.

Nous connaissions bien cet endroit, pour y avoir déjà pris quelques coups durs. Mais forcés de constater que l'air de musique s'y faisait plus intense, nous nous préparâmes au combat.

Nous avions tous sorti nos armes, donné une tape de courage sur le flanc de nos montures, nous étions prêts. Je passais en tête, j'avais relevé mes manches, prêt à lancer un puissant sort de protection en cas d'agression. Suivi de près par TiPoulpy, notre sram courageux et téméraire, tandis que Tetzuo et Gouduriske la Fecatte se tenaient au milieu du groupe, prêts à soigner les bobos éventuels. Iryushida vociférait à plein poumon, souhaitant retrouver son Tofu égaré, mais sa voix rebondissait en nombres d'échos sur les parois inquiétantes de ce dédale.



Nous avancions à pas feutrés, lentement, sans autres bruits ni murmures que cette mélodie enjouée qui s'accentuait. Car il s'agissait maintenant d'une mélodie. Ce sifflement que nous avions entendu une heure plus tôt était maintenant très clair, il s'agissait d'un instrument ancien, mélodieux et entraînant.

Notre attention se relâchait peu à peu, car après avoir parcouru de longues galeries sombres, nous n'avions encore pas croisé un seul de ces champignons bizarre que nous redoutions.

C'était maintenant bien distinct, cet instrument ancien n'était autre qu'un pipeau de bois. Très joliment manié je dois l'admettre, l'artiste qui s'en servait était admirablement doué.

Nous venions de rentrer dans une longue galerie toute droite quand nous vîmes à sont extrémité que la pénombre s'amenuisait. Nous pouvions apercevoir une faible lueur qui scintillait contre les parois humides. D'un simple regard commun nous comprîmes que nous étions d'accord sur un point: la mélodie que nous cherchions à localiser se trouvait là, au bout de cette galerie.

Ne sachant pas sur qui ou quoi nous allions déboucher nous redoublions de vigilance. Tuniquor lança une flèche éclairante qui illumina toute la longue galerie avant de disparaître dans un fourmillement de petites étoiles. Encore une drôlerie à laquelle je ne comprends rien, la galerie restait illuminée après le passage de la flèche.



C'est Katchoke, le Iop, l'épée au point qui nous pressa le pas pour se rendre au devant de la lueur. Il se tenait droit, immobile, devant nous au bout de la galerie. La main droite toujours fermement serrée sur son épée, la main gauche en avant protégeant ses yeux livides de la lumière qui émanait d'une immense salle circulaire. Nous l'avions rejoins et restions, comme lui, muets devant un tel spectacle...



Une immense (et le terme et faible) salle circulaire s'étendait devant nous. La lueur que nous cherchions à atteindre provenait d'un unique feu de bois sans fumée (probablement du Bambou Sacré) situé au centre. Sur un rocher surplombant ce feu se tenait un être que je n'avais encore jamais croisé. Son corps ressemblait à un Ouginak, ses pieds semblaient être ceux d'un meulou avec des jambes de Minotot, des doigts longs et délicats d'Eniripsa, des ailes de Scarabosse Doré et une tête de... je ne saurais vraiment donner une ressemblance avec quoique ce soit que je connais dans Amakna.

Cet être étrange se tenait debout sur le rocher, son ombre dansait sur le plafond verdâtre de la salle. Il tenait dans ses mains un pipeau de bois, de la façon dont il en jouait je pense à une flûte traversière. Mais le plus étrange dans cette scène n'était pas l'artiste, le plus étrange était son public!



Tout autour de lui, immobile, fixant le joueur de flûte avec attention, se tenait une foultitude de créatures diverses et variées. Nous pouvions y apercevoir des Minotorors assis à côté de Wabbits, des Kanigrous ignorant les Chaffers tout proches d'eux, des Pious posés sur les cornes de Dragoeufs volants... le spectacle était tout simplement incroyable. Aucun de nous ne dit mot. Nous contemplions avec respect tout ce petit monde.



Le joueur de flûte nous avait vu arriver. Il nous regardait du coin de l’œil tout en continuant sa mélodie. Il continua ainsi durant plus d'une heure, marquant le rythme de sa mélodie en tapant du sabot de temps à autre. Petit à petit le rythme se mît à diminuer, le son à s'étouffer jusqu'à s'arrêter enfin.

Nous restions toujours à l'écart, adossés aux parois poisseuses, prêts tout de même à rebondir face au nombre de créatures se trouvant là. Mais aucun d'entre nous n'eut besoin de dégainer son arme. Quelques instant après la fin de la mélodie, les différentes créatures reprirent petit à petit leurs esprits. Se levant une à une, elles se retirèrent dans le calme, laissant derrière elles cette immense salle vide, le feu et l'étrange artiste.

Tout paraissait excessivement calme, un silence pesant régnait, le moindre bruit de pas ou de souffle se perdant instantanément dans l'immensité de la salle. Le joueur de flûte n'avait pas bougé de son rocher, nous nous avançâmes vers lui.

C'est lui finalement qui rompit le silence pour se présenter.

Il nous expliqua qu'il était mandaté par Jiva elle-même. Que suite à une requête des sages Lenald, elle souhaitait pouvoir quantifier la population Wabbit dans le monde des douze. Qu'elle n'avait trouvé d'autres moyens que de faire appel à son enchanteur, celui la même qui nous donnait cette explication. Malheureusement la flûte enchantée qu'elle lui avait donnée ne pouvait pas attirer que les Wabbits. Il attira donc toute la faune d'Amakna, Wabbits compris, pour en faire l'inventaire. Sa tâche touchait à sa fin lorsque nous sommes arrivés à notre tour. Il ajouta qu'il avait pu constater que la population Wabbit, aussi variée soit-elle, ne représentait pas de danger pour le reste de la faune et de la flore d'Amakna à condition que l'on arrive à les cantonner sur l'île des Lenalds.

Rangeant sa flûte dans sa besace, il nous salua, prononça une incantation bizarre puis disparu dans un épais nuage sentant la Kokoko.

Voilà donc l'explication que nous étions venus chercher. Nous repartîmes satisfait vers notre repaire pour raconter à tous ce que nous avions vécu comme étrange aventure ...



... les Wabbits et la flûte enchantée de Jiva.

J'aime beaucoup...

D'ailleurs j'ai laissé mes saucisses brûler car je voulais finir... :(

a y est je l'ai lu!!!effectivement 650 mots,c'est un peu juste!!très bien écrit,plein d'imagination,bien structuré,tjs autant de bonheur à lire tes textes Bouli!!!